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Construction neuve : quel scénario pour sortir du chaos ?

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Aggravée par l’inflation, la baisse globale de la construction neuve inquiète les acteurs du secteur. Entre autres pistes, la meilleure qualification des besoins semble nécessaire.


La construction neuve fait débat. Depuis le début des années 2020, les professionnels de l’habitat et de la construction font face à une remise en cause totale de la production de logement neufs à des niveaux élevés.

À l’échelle nationale, le nombre de logements commencés est en baisse de 14% depuis 2018, avec un recul de 16% des logements en immeubles collectifs. Dans les 19 importantes métropoles, la part de production de logements sociaux est passée de 36% à 28% entre 2017 et 2021, en dépit d’une volonté affichée de privilégier l’offre HLM dans la plupart d’entre elles.

Aggravée par l’inflation, cette baisse globale de la construction neuve inquiète les acteurs du secteur. Elle trouve ses principales causes dans la crise écologique, le contexte géopolitique et les dynamiques socio-démographiques territoriales.



Quand l’écologie n’est plus une option

En première cause, la problématique écologique et la lutte contre le changement climatique. Alors que le bilan carbone du secteur du bâtiment atteint 26% de l’empreinte carbone du pays, limiter la bétonisation et l’artificialisation des sols paraissent des arguments difficilement contestables. Dans certaines grandes villes comme à Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Montpellier ou encore Marseille, maires et habitants défendent leur pré carré contre un productivisme mercantile et un urbanisme débridé. Les uns cherchent à promouvoir des villes apaisées et moins congestionnées, quand d’autres vont privilégier la campagne, contestant le fait même d’habiter en ville.

En réponse, l’Ademe préconise une baisse drastique du nombre de constructions neuves (4 millions de logements jusqu’à 2050, soit 115 000 par an) afin d’atteindre l’objectif d’une société décarbonée en 2050. Réduction de la vacance, du nombre de résidences secondaires, et meilleure occupation des logements (69,5% sont sous-occupés) font partie des recommandations formulées.



Faire avec l’existant

Les récentes projections démographiques prévoient une quasi-stagnation de la population totale à partir de 2035 et une baisse à partir de 2044. Cette hypothèse d’un ralentissement progressif de la croissance du nombre de ménages alimente les critiques sur la production neuve, jugée trop abondante et tendant à créer un parc inoccupé.

Parce que la ville de demain est celle d’aujourd’hui à 80 %, la conjoncture actuelle conduit donc à revoir drastiquement l’acte de construire en un mode plus économe en ressources et émissions, avec récupération des matériaux et adaptation du bâti existant. À l’avenir, nous vivrons toujours dans des maisons, mais nous construirons moins, et différemment, comme l’indique à juste titre la présidente de L’Ordre national des architectes Christine Leconte.

L’évaluation de la demande potentielle de logements neufs repose sur la somme de quatre hypothèses : l’accroissement moyen annuel du nombre de ménages, l’accroissement du nombre de résidences secondaires, l’accroissement du nombre de logements vacants nécessaire à la fluidité du système et le renouvellement du parc. Pour justifier le maintien d’un objectif de 500 000 logements par an, l’idée d’intégrer un déficit à résorber a montré son intérêt pour mieux loger les 4 millions de personnes mal logées dénombrées par la Fondation Abbé Pierre.



Mieux qualifier les besoins

Alors que la pression sur l’impératif de produire du logement s’accroît, l’impératif de qualifier la demande est de plus en plus pressant. Or de nouveaux outils existent et permettent aux acteurs des politiques locales de l’habitat de mesurer, à l’échelle territoriale, le nombre et la nature des besoins en logement. Commercialisé depuis septembre 2022, Terre de Données utilise les données éco-socio-démographiques et environnementales issues de l’open data pour identifier les dynamiques à l’oeuvre, nourrir la réflexion politique autour des projets et construire de nouveaux scénarios au plus près des besoins des territoires.

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